
Saint-Denis-en-France est en France, certes, mais est surtout
dans le "Pays de France" appelé encore "Vieille
France".
C'est ce petit territoire qui s'étend au nord de Paris depuis la
plaine du Landy jusqu'à Gonesse et Roissy au nord, et, de l'ouest
à l'est, de l'Isle-Adam à Tremblay.
C'est cet authentique lopin qui a donné son nom à toute
la nation après l'avoir donné à "l'Île
de France" qui regroupe Paris et tous ses départements
périphériques.
Il a été peuplé il y a fort longtemps par les Francs
qui, venus sans papiers, pourraient bien avoir leur billet de retour pour
leur patrie d'origine : la Franconie.
L'histoire de l'abbaye Royale Saint-Denis commence
vers 480, lorsque sainte Geneviève fait construire un sanctuaire
sur le lieu de sépulture de Denis, premier évêque
de Paris, martyrisé vers 250.
Au VIIe siècle, le roi Dagobert est le premier roi à se
faire enterrer dans la basilique, inaugurant ainsi ce qui deviendra peu
à peu une tradition. Il est imité par plusieurs Carolingiens,
dont Pépin-le-Bref, le père de Charlemagne, et Charles-le-Chauve,
qui trouvent ainsi loccasion de renforcer leur légitimité.
Au IXe siècle, labbé Hilduin identifie lévêque
de Paris avec Denys lAréopagite. Condamné et décapité
sur la butte Montmartre, « aussitôt le corps de saint Denis
se leva, et sous la conduite dun ange, et précédé
par une lumière céleste, il porta sa tête entre les
bras, depuis lendroit quon appelle le "Mont-des-Martyrs"
jusquà lemplacement de lactuelle basilique ".
Au XIIe siècle, le puissant abbé Suger veut donner force
de loi à lhabitude de lenterrement des souverains à
Saint-Denis, en recourant, si besoin est, à la création
de faux documents. Pour donner à saint Denis un mausolée
à la mesure de sa gloire, il entreprend la reconstruction de labbatiale.
Il inaugure ainsi un nouveau type darchitecture, qualifié
par la suite d« art gothique ».
Cest au XIIIe siècle que la majeure partie de la basilique
visible de nos jours est édifiée.
Saint Louis officialise le rôle de nécropole de labbaye
en la réservant aux seuls rois et reines de France.
Mais la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion entraînent
le déclin de labbaye. Les moines ne sont plus que les gardiens
des tombeaux.
En 1792, les moines sont chassés de labbaye.
En 1793, le trésor est en partie fondu et les tombes profanées.
En 1794, labbaye est ruinée. Transformée en entrepôt,
vouée à la destruction. Le cloître devient une garnison.
Linstauration de lEmpire ramène lattention sur
lédifice. Napoléon le fait restaurer.
En 1815, Louis XVIII célèbre le retour des Bourbons en organisant
le transport à Saint-Denis des cendres supposées de Louis
XVI et de Marie-Antoinette.
Dimmenses travaux de restauration, parfois contestables, sont mis
en uvre dans la basilique. La flèche nord, frappée
par la foudre en 1837, est remontée par larchitecte Debret.
Mais elle menace la stabilité de lédifice et larchitecte
Viollet-le-Duc décide de la déposer.
Au XXe siècle, la basilique devient la cathédrale du département
de la Seine-Saint-Denis (93) et non pas seul un musée comme le
souhaitait le maire de la localité.
Les tombeaux sont réinstallés suivant leur disposition davant
la Révolution.
Les Orgues.
On peut supposer qu'il y ait eu très tôt des orgues dans
l'abbatiale de Saint-Denis. On ne connaît pas grand-chose d'autre
à leur sujet que la peinture que fit faire, entre 1517 et 1523,
l'abbé Aimar de GOUFFIER sur des "orgues nouvelles placées
au bas de la nef sur une tribune de bois qui s'avançait devant
la grande baie ouvrant au dessus du narthex". Les dimensions
en étaient importantes (12' en montre ?) et l'on citait encore
un siècle plus tard "les tuyaux les plus gros qu'on ne
saurait guère voir". Probablement des trompes de pédale
d'un orgue médiéval.
En 1540, il fallut faire réparer la soufflerie. Pierre GODEFROY
fit deux soufflets neufs et répara les portevents et les soupapes.
Nouvelle restauration de la soufflerie en 1562, précédant
les temps troublés des guerre de "la ligue" qui laissèrent
en 1590 un orgue quelque peu pillé par les soldats "cherchant
le plomb partout".
L'argent manquant, on fit venir l'épinettier parisien Jean JACQUET
pour seulement "le raccommoder et nettoyer".
Les moines décident alors de mettre de l'argent de côté
pour l'orgue et font appel, en 1603, sur le conseil de TITELOUZE, à
Crépin CARLIER pour un marché correspondant à la
moitié d'un petit orgue ordinaire. Faute de précision, la
modestie du marché ne nous permet d'imaginer qu'un orgue d'une
quinzaine de jeux que CARLIER augmenta, on le sait, d'un Clairon, d'un
Sifflet et d'une Flûte de pédale.
Le Positif est improbable, vu le prix.
Le buffet du XVIe siècle avait été conservé.
Un contrat d'entretien fut passé en 1619 probablement avec Guillaume
LESSELIÉ, élève de CARLIER.
En 1650, une révision fut demandée à Pierre THIERRY,
représentant à Paris l'école de CARLIER.
Parmi les organistes qui se succédèrent, notons, en 1693,
Nicolas de GRIGNY mais la modestie des gages le hâta d'abandonner
l'orgue de Saint-Denis pour celui de Reims, son pays natal.
Pendant ce temps l'orgue était peu entretenu et accusait son âge.
Les supérieurs de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés - dont
dépendait alors celle de Saint-Denis - envoyèrent le frère
commis Jean BROCARD afin d'effectuer une réfection à moindre
frais.
Pour un grand instrument neuf, la vieille tribune en bois était
insuffisante. On en commanda une nouvelle, en pierre, décorée
aux angles de bas-reliefs représentant saint Cécile et le
roi David. On peut l'imaginer d'après celle de Saint-Benoît-sur-Loire
élevée dans les mêmes circonstances.
BROCARD put se mettre à l'uvre dès les premières
années du 18e siècle.
Grâce à lui et malgré la radinerie de l'abbaye, c'est
un véritable instrument de prestige qui est érigé.
Il acheva le travail en 1710.
Hélas, ni image ni description, sinon celle qu'écrivit un
siècle plus tard son dernier titulaire, après un relevage
en 1750 par Nicolas COLLAR et l'entretien, sans modification, par les
SOMER père puis fils.
Composition de l'orgue de l'abbaye de Saint-Denis à
la fin du XVIIIe siècle :
Positif |
Grand-Orgue |
Bombarde/Récit |
Écho |
Pédale |
Montre 8
Bourdon 8
Dessus de flûte 8
Prestant
Doublette
Fourniture IV
Cymbale III
Flûte 4
Nasard
Quarte
Tierce
Larigot
Cornet
Trompette
Clairon
Cromorne
Voix-humaine |
Montre 16
Bourdon 16
Montre 8
Bourdon 8
Flûte 8
Prestant
Doublette
Fourniture V
Cymbale IV
Double nasard
Flûte 4
Double tierce
Nasard
Tierce
Cornet
Trompette
2e trompette (Collar)
Clairon |
Bombarde 16
Dessus de cornet V
Dessus de flûte 8
Dessus de trompette 8 |
Dessus de cornet V
Dessus de flûte 8
|
Flûte 8
Flûte 4
Nasard
Trompette
Clairon
Voix-humaine |
 Au
Grand-Orgue, le travail de COLLAR se reconnaît facilement :
il a évincé la Voix-humaine pour y placer une deuxième
Trompette. Est-ce cette Voix-humaine qui apparaît au positif où
il est peu probable qu'elle ait existé à l'origine?
Le reste de la composition est très cohérent. Des traits
sont flamands - comme l'était BROCARD - et en avance sur le XVIIIe
parisien. Une réflexion admirative de l'orgue de Saint-Germain-des-Prés avait dû
impressionner son réparateur : forme cintrée du grand
corps - horloge en couronne sur le positif - sommier du grand-orgue à
doubles gravures pour le Récit dans le dessus et dans les basses
pour doubler le vent. La mixité de la bombarde manuelle et des
jeux du Récit constitue comme une annonce du "clavier de Résonance".
Et d'influence française aussi la présence d'une Voix-humaine
à la pédale, d'ailleurs méprisée presqu'aussitôt
des organistes.
BROCARD introduisit des nouveautés qui influenceront certainement
le type français au cours du XVIIIe : le troisième
8 pieds - dessus au positif, complet au GO - et le double nasard.
Dom DEDOS vécut à Saint-Denis de 1763 à 1778 et
y écrivit son grand ouvrage sur la facture d'orgue; mais l'entretien
par les SOMER père et fils sous sa surveillance n'empêcha
pas que, dix ans plus tard, l'orgue eut besoin d'être relevé.
Y a-t-il dessiné l'orgue représenté à gauche ?
C'est douteux, vu qu'il y représente un orgue de 32 pieds de style
Louis XV. Dufourcq, dans son "Livre de l'orgue" volume 2 aurait
aimé y voir, avec de nombreuses réserves, celui représenté
à droite.
Dans les dernières années de l'ancien régime, après
avoir remis d'année en année une réfection, on envisageait
enfin une mise au goût du jour.
Puis survint la Révolution à l'issue de laquelle l'orgue
pérît. Il fut mal abrité après que l'on eut
retiré le plomb de la toiture et des vitraux. Il fut pillé
par les soldats en garnison dans l'abbaye. Quand "le citoyen"
MOLLARD en prit livraison pour le déposer au conservatoire des
Arts-et-Métiers, il ne restait plus qu'un amas de matériaux
d'occasion de bonne qualité qui vinrent se mêler aux restes
analogues des orgues des Cordeliers et de la Chapelle des Orfèvres.
On puisa dedans pour satisfaire le curé de La Madeleine, puis celui
de Saint Roch.
Les Arts-et-Métiers ne conservaient plus de Saint-Denis que "deux
grands soufflets pour servir à remplir les ballons de Gay-Lussac
et Biot" et quelques portevents et tuyaux d'étain "pour
l'appareil à rouir le chanvre de l'abbé Brolle".
En 1806 l'orgue de Jean BROCARD était bien mort et on ne devait
repenser à un orgue pour l'abbatiale que 30 ans plus tard.
Le concours.
Après de grands travaux de restauration du monument et une nouvelle
consécration en 1806, la question de la musique nécessaire
à la vie canoniale se posa. Seul instrumentiste pour soutenir le
chur : un serpent ... si peu payé qu'il chercha à
jouer de la basse dans un bal public, ce que le Doyen ne pouvait admettre.
Ensuite vint le tour du grand-orgue. Une tribune "gothique"
avait été bâtie à la place de l'ancienne qui,
dégradée par les intempéries, fut démolie
au nom de l'unité de style.
Avant même le buffet, ce fut à l'instrument que l'on songea
d'abord.
En 1833, décision fut prise au ministère d'ouvrir un concours
qui devait reprendre le vieux rêve des savants de "faire
construire l'orgue le plus beau et le plus complet possible".
Le ministre des travaux-publics, Adolphe Thiers, avait débloqué
pour cela une somme importante. 80 000 francs. Des facteurs avaient
déjà été pressentis.
Pierre ERARD aurait proposé une réplique du petit orgue
des Tuileries
( ), un orgue "tout
au plus convenable pour une petite chapelle".
Louis-Paul DALLERY est rejeté pour avoir voulu trop bien faire :
claviers de 61 notes dont les dessus seraient "désagréables",
console séparée dont les claviers seraient nécessairement
"trop durs", pédale d'expression agissant sur
l'alimentation pour "tout l'orgue" dont l'efficacité
semblait au moins douteuse faute d'explications.
John ABBEY tombe dans le travers des 61 notes et est écarté,
comme Louis CALLINET, pour ne proposer que 4 claviers manuels.
In
extremis, Aristide CAVAILLÉ-COLL, venu à Paris pour une
toute autre raison que ce concours, prépara en quelques jours*
un projet qu'il rendit en retard mais qui fut tout de même examiné.
(* Trois, dit-on. Plutôt une dizaine : Aristide
est arrivé à Paris le 21 septembre et son devis est daté
du 7 octobre).
On lui reprocha un nombre excessif de jeux, 84, pour le prix fixé.
Son projet prévoyait 5 claviers manuels traditionnels, sinon tout
à fait classiques. Pour la composition, la comparaison avec celle
de Saint-Sulpice est éloquente.
- Au positif, 15 jeux contre 17; pas de Bourdon de 8, de Clairon,
de Cromorne, mais la vieille Flûte de 4 du XVIIe siècle.
- Au grand-orgue, 20 jeux contre 22; pas de Grande-tierce, une
seule Trompette, pas de Clairon, mais la Voix-humaine démodée
et encore la Flûte de 4. Le Plein-Jeu est plus gros : XVIII
rangs au lieu de XIV. Une nouveauté : un Violoncelle de 8
et un hispanisme : IX rangs au Cornet.
- A la Bombarde, Aristide prend sa revanche : à la
batterie de 4 jeux de Saint-Sulpice il ajoute un grand ensemble cornettant :
Flûtes 16, 8, 4, Prestant, Nasard, Quarte, Tierce et encore un Cornet
IX. Et un autre hispanisme : une chamade de 4 jeux : Trompette
8, Clairon 4'/8', Clairon 2'/4'/8' et Clairon 1'/2'/4'/8' par reprises
à chaque octave. Une "fourniture" d'anches, en quelque
sorte!
- Le Récit, demi-clavier, non enfermé mais dans le
soubassement a une composition classique : Flûte conique 8,
Bourdon 8, Cornet IV, Trompette, Hautbois.
Mais il y ajoute une seconde laye, expressive par pression variable du
vent, comme son "Poïkilorgue"
( ) , avec 4 rangs
d'anches libres : Cor anglais/Hautbois 8, Voix humaine, Basson, Trompette,
cette dernière aussi en chamade. Sur le même clavier, un
jeu de "timbres" à marteaux.
- L'Écho est un Oberwerk enfermé dans une boîte
expressive. Sa composition annonce timidement le Récit Romantique :
Bourdon 16, Flûtes 8 et 4, Cornet V, Violon 8, Clarinette 8, Voix-humaine
16 et flûte traversière 8, peut-être bien pas encore
harmonique.
- Pédale : avec un pédalier à l'allemande
qui permettra les gammes chromatiques avec un seul pied, il prévoit
16 jeux, y compris une "banda militare" à l'italienne
(caisse, cymbale et chapeau chinois) et un tambour mus par des pédales
de combinaison. Pour éviter le "ravalement", il y aura
une flûte de 32' réelle corsée dans le grave par l'ajout,
en emprunt, du 32' manuel, de la Montre de 16 du GO et de la Flûte
de 16 du clavier de Bombarde. Pas de Bourdon de 16 mais 3 Flûtes
harmoniques 8, 4, 2.
En comparaison, la batterie d'anches serait maigre avec 16, 8 et 4 si
elle n'était renforcée par deux super Clairons 2 et 1' analogues
à ceux de la Chamade. Modernisme : un Cor 8' qui, comme toutes
les autres anches, doit comporter un pavillon copié sur celui des
instruments d'orchestre correspondants.
- Aux trois pédales de combinaisons ci dessus s'ajoutent trois
autres pour les accouplements classiques I/II, III/II et en outre IV/III.
Au centre, l'expression de l'Écho, à cuiller.
Mais Aristide insiste surtout, dans son rapport, sur la qualité
de la technique : sommiers à deux layes pour deux pressions
de vent (fonds et anches) tant à la Pédale que pour le GO
et la Bombarde; soupapes démontables, étain laminé
puis martelé pour les anches, suspension des grands tuyaux et surtout
une soufflerie cunéiforme en deux batteries de deux étages
rendue plus stable par un système compensateur du poids des plis.
En effet, il récuse le système de soufflerie à lanterne
à cause des secousses de pression d'un réservoir à
l'autre de la paire.
Enfin,
avec sagesse, il laisse le soin du buffet à "quelque architecte"
qui lui donnera "l'élégance" à partir
des nécessités fonctionnelles définies par lui, le
facteur.
Les experts épluchèrent seulement la liste des jeux sans
se compromettre à l'égard de ce qu'ils ne connaissaient
guère. Ils fondèrent leur refus sur quelques jeux jugés
superflus, les uns comme peu religieux (la "Banda militare"
et le tambour), d'autres comme désuets (les mutations simples),
d'autres encore comme faisant double emploi sans voir que des deux voix
humaines l'une était à anche libre, ni que le troisième
clairon de Pédale était d'une tessiture différente.
Ils rejetèrent 6 Flûtes en vrac tant les 18 jeux si variés
de ce nom les ont effrayés.
On redescendait ainsi à 67 jeux et la liste est comparable à
la composition de l'orgue de Beauvais conçu tout récemment
par HAMEL qui avait dû être consulté par les membres
de la commission.
Sur ce canevas, les CAVAILLÉ-COLL père et fils vont établir
pour janvier 1834 un devis qui aurait dû être définitif
mais ne le fut pas. Ils tiennent à certaines de leurs options :
- au Positif, les dessus de flûtes, pour équilibrer
les basses, seront remplacés par des jeux complets harmoniques
et, du coup, la deuxième Flûte sera de 4' sans pour autant
qu'on élimine pour cela la Flûte douce de 4'. La Quarte est
maintenue sous le nom de Flûte 2'. Grâce aux dessus harmoniques
le Cornet devient inutile. Quant aux Euphones, les Cavaillé n'en
veulent pas et au Basson-Clarinette de Dallery préfèrent
un Cor-Hautbois de leur façon.
- la Montre de 32' (24' au Fa) peut rester au G.O. où les
dessus de Flûte sont remplacés par une Traversière
complète et une Viole (Salicional). La Flûte 4 est maintenue
en octaviante. Le Plein-Jeu passe à XII rangs mais est réparti
sur 4 chapes. La Tierce est abandonnée, le Cornet passe à
III rangs et, au lieu d'une deuxième Trompette, ce sera un Basson-Cor
anglais. Pas de deuxième Clairon ni d'Euphone mais les Cavaillé
tiennent bon pour leur clavier de Bombarde avec Prestant et Doublette
plutôt que Bourdon de 8. Leur Cornet IX est maintenu ainsi que le
deuxième Clairon. Ces deux claviers totalisent 32 jeux au lieu
de 29, avec sommier unique en quatre parties et deux layes.
- au Récit, les jeux harmoniques transfigurent la composition :
même le Prestant devient octaviant, ce qui permet de supprimer le
Cornet et de rester à 8 jeux avec une Voix humaine "harmonique"
d'un type particulier. L'expression de la boite sera "progressive".
- au cinquième clavier restent deux jeux à anche
libre : le Cor anglais et la Voix humaine. Les Cavaillé s'inclinent
à contre-coeur admettant que ce qui est beau dans un Poïkilorgue
de salon convient peu dans une basilique de grande taille. Ils s'arrangeront
bientôt pour qu'il ne soit plus question de ce 5e clavier.
- Pour la Pédale, l'étendue de 3 octaves est écartée
et ramenée à 2, de Fa° à Fa2 et le résultat
sonore est maintenu, voire amélioré avec une Flûte
réelle de 32' sur l'Ut1.
Le choix de la soufflerie marque une conversion d'Aristide aux réservoirs
à lanterne : 8 avec 4 pompes seulement grâce à
l'invention du parallélogramme.
La somme était largement dépassée, 120 000
f au lieu de 80 000, mais les Cavaillé acceptèrent
le rabais au tarif de la soumission sans modifier leur devis. Ils comptaient
se rattraper à l'exécution. Ainsi ne fut-il plus jamais
question, non du cinquième clavier, mais de ses jeux à anche
libre ni de 12 jeux au Récit, chiffrés, mais jamais décrits
plus de 8.
Les facteurs se mirent à l'ouvrage mais ne purent aller bien loin
tant que le buffet n'était pas posé. Des délais bien
plus longs que prévus allaient leur laisser largement le temps
de modifier leurs plans pour s'évader à leur gré
de ce devis fait un peu à contre-coeur et peu rémunérateur.
La construction de l'orgue des
Cavaillé-Coll.
La construction commença rapidement dans l'atelier de Dominique,
non loin de l'église Notre-Dame de Lorette, mais surtout dans la
grande salle de la tour nord de la basilique où l'on fabriqua tant
les tuyaux destinés à l'orgue de Saint-Denis que ceux d'autres
instruments bientôt en construction. Notre-Dame de Lorette, bien
sûr, mais aussi Lorient, Pontivy, Dinan, puis La Madeleine et Saint-Roch.
Faute d'achèvement du buffet, les temps morts ne manquaient pas.
Les facteurs s'étaient contenté de donner
"le plan des dispositions intérieures et des principales
pièces ... les meilleurs positions pour répercuter les sons
dans l'église" car "c'est à un habile architecte
de coordonner sur ces données un buffet élégant par
rapport à l'architecture ..."
Le positif de dos avait été abandonné pour une disposition
dans le soubassement mais d'autres difficultés s'accumulaient pour
faire cadrer les nécessités de l'instrument avec l'élégance
selon l'architecte DEBRET. Trois ans plus tard, en 1837, Cavaillé
se plaint de ne pouvoir poser l'orgue faute de buffet. Là dessus,
le 9 juin, la foudre endommagea gravement la flèche de la tour
nord et la voûte au dessus de la tribune. Il fallut deux ans à
DEBRET pour faire réparer les dégâts. Le buffet ne
fut achevé que le 1er août 1839.

Ce
retard fut providentiel car il est probable que l'orgue prévu aurait
accumulé les défauts des anciennes mécaniques, exagérés
par une disposition difficile dans un buffet imposé. Dans l'intervalle
de ces 5 années, Cavaillé a reçu les propositions
de Charles BARKER pour améliorer la traction des notes à
l'aide d'une machine pneumatique. Dès lors, ses plans définitifs
pouvaient s'accommoder du buffet.
Par ailleurs, il a beaucoup inventé par lui-même. Il trouve
le moyen d'obtenir facilement différentes pression d'air.
Un devis additionnel est déposé le 2 décembre 1839 :
- Soufflerie à réservoirs superposés à parallélogramme,
plis compensés et pressions différentes qui se commandent
l'une l'autre.
- Jeux harmoniques pour équilibrer basses et dessus des jeux.
- Machine BARKER avec ses conséquences sur les accouplements des
claviers.
- Boîte expressive acoustiquement isolée.
Cela avait des conséquences sur les pièces déjà
faites et nécessitait une rallonge de 20 000 francs.
Les perfectionnements furent approuvés mais le prix ramené
à 18 000 f selon la pratique courante de l'administration
d'alors. L'orgue était en état de jouer à partir
d'octobre 1840 et la réception eut lieu le 21 septembre 1841.
CAVAILLÉ, pour éclairer la Commission, écrivit un
"état comparatif des deux devis" afin d'éviter
une surprise de la part de leurs relecteurs.
Il insiste sur la nouvelle soufflerie fonctionnant au minimum avec deux
hommes et à plein avec 5, sur les dessus d'anches renforcés
qui permettent d'éliminer "les cornets et Fournitures habituellement
employés", sur les pédales d'appel de jeux qui
ont permis la réduction à 3 claviers pour "faciliter
le jeu de l'organiste", sur l'épaisseur du métal,
les jeux harmoniques, le Cromorne imitant la Clarinette ... flots de détails
qui pouvaient servir à noyer certains poissons comme la disparition
des anches libres et, peut-être, le Cornet du GO devenu "Cornet
à pavillons" cité comme tout du long (54 tuyaux).
Exit aussi la batterie d'anches en chamade et le clavier d'Écho.
Le Grand-Orgue et la Bombarde répondent tous deux sur le deuxième
clavier.
Sous la présidence d'un membre de l'Académie des Sciences,
le Baron SEGUIER, la Commission de réception comprenait un de ses
collègues, PONCELET, et les membres de la section musicale de l'Académie
des Beaux-arts : CHERUBINI, SPONTINI, le vieux BERTON, AUBER, HALEVY,
CARAFFA. S'y ajouta les deux personnages "en fonction" :
l'architecte du lieu DEBRET et l'organiste fraîchement nommé,
Charles SIMON.
Un
seul organiste sera chargé de faire sonner l'instrument et de l'expliquer
à ces doctes savants et musiciens qui n'y connaissaient pas grand-chose,
LEFÉBURE-WÉLY. Fort bien en cour, ce dernier servait, malgré
ou grâce à son jeune âge, de démonstrateur à
la maison Cavaillé-Coll.
L'absence de SIMON, le jour de la présentation, faisait tâche
au tableau. Ce n'était pas une personnalité négligeable
mais il s'entendait mal avec les facteurs qui préféraient
faire présenter l'orgue aux visiteurs de marque par Lefébure
plutôt que par lui. Simon comprenait mal toutes les nouveautés
étrangères et les inventions des facteurs et ne ménagea
pas ses critiques à tous les membres de la Commission. Il préféra
se faire envoyer en mission et ne même pas revenir quand la Commission
se réunit pour statuer définitivement. Lefébure en
profita pour accabler Simon lui reprochant "un défaut d'habitude"
et de technique.
Le procès-verbal fut élogieux. THIERS vint lui même
se rendre compte en octobre et Cavaillé profita de sa bienveillance
pour être mieux payé. Il semble qu'il obtint 2000 f sur les
22 000 demandés.
L'orgue CAVAILLÉ-COLL père et fils de
la basilique de Saint-Denis en 1841
I - Positif, 54 notes |
II - Grand-Orgue
/ Bombarde,
54 notes
|
III - Récit expressif, 54 notes |
Pédale, 25 notes de Fa° à
Fa2 |
Bourdon 16
Flûte traversière 8
Prestant
Bourdon 8
Flûte 4
Nasard
Doublette
Tierce 1 3/5
Cymbale IV, 2/3'
Fourniture IV, 1'1/3
Flûte harmonique 8
Flûte octaviante 4
Flageolet 2
Trompette
Cor-Hautbois 8
Cromorne
Clairon 4
|
Cornet à pavillons 8 (?)
Montre 32 (au Fa 24)
Montre 16
Montre 8
Viole 8
Bourdon 16
Bourdon
Flûte traversière 8
Prestant
Flûte 4
Nasard 2 2/3
Doublette
Grande Fourniture III, 2'2/3
Petite Fourniture III, 1'
Grande Cymbale III, 1'1/3
Petite Cymbale III, 1/2'
1e Trompette
2e Trompette
Clairon
Basson - Cor anglais
|
Dessus de Cornet VII
Bourdon 16
Bourdon 8
Flûte 8
Flûte octaviante 4
Nasard 2 2/3
Doublette
Bombarde 16
1e Trompette
2e Trompette
1er Clairon
2e Clairon 4
|
Voix humaine 8
Flûte traversière 8
Nasard 2 2/3
Bourdon 8
Flûte octaviante 4
Octavin 2
Trompette
Clairon |
Flûte 32 (24 au Fa°)
Flûte 16 (à l'Ut1)
Flûte 8
Quinte 5 1/3
Flûte 4
Basse-contre 16
Bombarde 16
Trompette
Basson 8
2e Trompette
Clairon
2e Clairon 4 |
Accouplements - III/II - I/II
Appel G.O.
Appel dessus anches et jeux harmoniques du Positif
Appel basses - id -
Tirasses de tous les claviers
Accouplement octave grave de tous les claviers
Appel des anches de Pédale
Expression du Récit au centre.
Soufflerie composée de 11 réservoirs et cinq pompes. |
 On
ne saurait être plus classique! Le grand jeu avec ses fantastiques
batteries d'anches, le grand-plein-jeu de 32 pieds avec ses 20 rangs de
mixtures parfaitement conformes à l'enseignement traditionnel de
Dom Bedos et de Lépine, bien français également le
grand fond-d'orgue où les Montres seules possèdent une présence
qui rappelle encore Clicquot.
Néanmoins, Cavaillé se montrera un visionnaire. Dès
qu'il a eu les moyens de faire du "gigantesque", il aura l'audace,
dans une France dont la musique d'orgue semble avoir abdiqué toute
personnalité, de rejoindre les visionnaires de l'orgue allemand
du XVIIIe siècle. C'est ainsi qu'il autorisera la venue d'une nouvelle
musique d'orgue illustrée par le belge LEMMENS puis par FRANCK,
WIDOR et pour l'essentiel celle des DUPRÉ, VIERNE, TOURNEMIRE et
même MESSIAEN.
La restauration de MUTIN.
La démolition de la flèche* de la tour nord qui menaçait
ruine remplissait le grand orgue de poussière. Dès 1854
un relevage était jugé nécessaire. Cavaillé
proposa un grand nombre de transformations à son orgue, mais on
s'en tint à un relevage à prix réduit, sans modification.
* (Celle, toute neuve, de l'architecte DEBRET !)
D'autres réparations purent avoir lieu en 1857. La seule transformation
visible concerne les deux Cornets remplacés par des dessus de Flûte
conique de même étendue. Il semble, en outre, que le 32'
de pédale, gênant parcequ'il n'apparaissait qu'à l'Ut,
fut alors transformé en 2 octaves semblables de 24', les 5 premiers
tuyaux passant au 32' manuel qui ne commençait qu'au Fa de 24'.
En 1860, les travaux considérables de restauration de l'église
qu'entreprit VIOLLET-LE-DUC, successeur de DEBRET enfin déboulonné,
firent taire le grand orgue et cesser son entretien.
Là dessus, l'église eut à souffrir du siège
de Paris pendant la guerre de 70.
En 1877, Cavaillé propose vainement pour 15 000 f de réparations.
Il revient à la charge en 1880 sans plus de succès. En 1896,
en attendant qu'on trouve les fonds pour une vrai réparation, Cavaillé
recolla les soufflets, releva les tuyaux affaissés, revit la mécanique.
Puis la Maison passa sous la direction pratique de Charles MUTIN.
Après des propositions de "reconstruction" que MUTIN
proposa par tranches afin de diluer dans le temps les dépenses,
une bonne partie de ces propositions furent acceptées et réalisées
en 1901 et 1902 :
Réfection complète de la soufflerie,
Amélioration de la console avec étiquettes de jeux neuves
(quelques changements de nom),
Recul de l'échelle des accouplement afin de faciliter un peu le
jeu de pédale qu'il porte à 30 notes en partant de l'Ut1;
25 notes réelles et 5 notes en tirasse seule. Les jeux de ce clavier
changent de hauteur de base par adjonction de tuyaux en bas ou en haut,
à peu près comme l'envisageait Aristide dès 1854,
sur deux octaves de Ut1 à Ut3.
- la grosse flûte de 24' retrouve ses 5 tuyaux graves et redevient
32',
- la deuxième Flûte de 24 passe en 16', celle de 12 passe
en 8', celle de 6 en 4' et la quinte 8 en 5 1/3,
- la Basse-Contre 12 est remplacée par un Violoncelle de 8'.
Pour les anches, il y a plus à faire :
- suppression de la Bombarde en bois, jugée trop "allemande",
- la Bombarde de 24 devient Contre-Bombarde de 32'
- une trompette 8 devient Bombarde 16', l'autre reste en 8,
- le 2e Clairon, réparti dans les autres jeux, laissa sa place
à une grande Tierce 3 1/5.
Au Positif, la Tierce fut remplacée par une Unda-Maris, la Flûte
Traversière par un Principal de 8'.
Au Grand-Orgue, la Trompette disparaît pour une Tierce principalisée
de 1 3/5'.
A la Bombarde, il remplace le dessus de Flûte conique par un Cornet
V.
Le Récit est bouleversé davantage, dans les limites imposées
par le sommier. En sacrifiant la Basse de Flûte, le Dessus de Bourdon
et le Nasard, il put poser une Gambe et une Voix-Céleste et la
Voix-Humaine harmonique disparut au profit, enfin, d'un Hautbois.
A la mort de MUTIN, l'entretien passa à la Maison ABBEY.
Vers 1955 un essai de restauration ne s'attaqua guère qu'au Pédalier
mais aucun remède ne fut apporté aux véritables défauts
dus à l'usure. Le dernier titulaire, Henri HEURTEL, acceptait de
s'en accommoder avec les oreilles de la foi et, lors de sa retraite en
1977, il coupa le courant électrique en attendant une résurrection
que l'on souhaitait prochaine.
La résurrection de 1987.
Elle fut entreprise de 1983 à 1987 par Jean-Loup BOISSEAU et Bertrand
CATTIAUX pour ce qui concerne la partie sonore.
La restauration de la mécanique et de la soufflerie fut confiée
à l'établissement GONZALEZ.
Le projet de restauration fit couler beaucoup d'encre. Certains souhaitaient
un simple relevage sans correction des altérations de MUTIN. D'autres
désiraient retrouver le premier grand chef-d'uvre de CAVAILLÉ-COLL
dans sa vérité et sa pureté originelle.
Parti après inventaire d'un projet de retour au CAVAILLÉ-COLL
de 1841 et 1857, tout en conservant des acquis de Mutin déjà
voulus par CAVAILLÉ-COLL et considérés comme irréversibles,
il fut appliqué de fait une politique de petits pas, basée
sur une remise en route avec essai sonore avant démontage, pour
bien juger de l'état de l'instrument.
L'examen après démontage des sommiers et de toute la tuyauterie
permit d'apporter un certain nombre de précisions quant aux transformations
apportées à l'instrument lors de sa construction et lors
de sa première restauration de 1857, et quant aux altérations
de Mutin telles que le vent à pression unique et la mise au ton
moderne par recoupes, encoches ou déchirures.
Après le relevage de tous les organes de l'instrument, la correction
des altérations de la tuyauterie et remontage des mécanismes,
une étude des pressions nécessaires fut exécutée
par des essais avec les différents jeux de l'orgue et particulièrement
avec ceux les mieux conservés.
Après maint recoupements, des conclusions se sont imposées
d'elles mêmes et ont amené les décisions ultimes quant
à l'alimentation de chaque plan sonore, le ton de l'orgue, son
tempérament et la composition à redonner au Récit.
Le ton s'est établi au La 440 avec des pressions de 120 mm colonne
d'eau dans les aigus et de 100 mm dans les graves. Le Positif a des pressions
un peu moindres et le Récit a deux pressions : 130 à
140 mm pour la Trompette, le Clairon et les Flûtes harmoniques et
100 mm pour les autres jeux.
En remettant les oreilles bien droites et perpendiculaires aux bouches,
on a constaté, dès le début de la mise en harmonie
de l'orgue, dans la deuxième octave de la Montre de 8 pieds notamment,
un tempérament inégal très doux caractérisé
par une tierce Do-Mi pure et les trois tierces Ré-Fa#, Fa-La et
Sol-Si presques pures. Ce tempérament est le seul qui ait permis
de conserver à tous les tuyaux anciens jamais recoupés leur
longueur d'origine.
L'orgue de la cathédrale de Saint-Denis après
la restauration de 1987 :
I - Positif, 54 notes |
II - Grand-Orgue, / Bombarde,
54 notes
|
III - Récit expressif,
54 notes |
Pédale, 25 notes
de Ut1 à Ut3 |
Bourdon 16
Montre 8
Prestant
Bourdon 8
Flûte 4
Nasard
Doublette
Tierce 1 3/5
Cymbale IV, 2/3'
Fourniture IV, 1'1/3
Flûte harmonique 8
Flûte octaviante 4
Flageolet 2
Trompette
Cor-Hautbois 8
Cromorne
Clairon 4
|
Dessus Flûte conique 8 (1857)
Montre 32
Montre 16
Montre 8
Viole 8
Bourdon 16
Bourdon
Flûte traversière 8
Prestant
Flûte 4
Nasard 2 2/3
Doublette
Grande Fourniture III, 2'2/3
Petite Fourniture III, 1'
Grande Cymbale III, 1'1/3
Petite Cymbale III, 1/2'
1e Trompette
2e Trompette
Clairon
Cor anglais - Basson
|
Cornet
V
Bourdon 16
Bourdon 8
Flûte 8
Flûte octaviante 4
Nasard 2 2/3
Doublette
Bombarde 16
1e Trompette
2e Trompette
1er Clairon
2e Clairon 4
|
Voix
humaine 8
Flûte traversière 8
Nasard 2 2/3
Bourdon 8
Flûte octaviante 4
Octavin 2
Trompette
Clairon |
Flûte 32
Flûte 16
Flûte 8
Violoncelle
Flûte 4
Contre-Bombarde 32
Quinte
Bombarde 16
Trompette 8
Basson 8
Clairon
Grande Tierce |
Tirasse GO
GO/machine
Accouplement I/II - III/II
Anches pédale
Anches Positif
Expression Récit |
Jeux de Cavaillé-Coll
Jeux de Mutin
Jeux neufs, reconstitution de ceux de Cavaillé-Coll
retirés par Mutin. Quoique, pour la Voix-humaine du Récit,
faute de savoir en quoi consistait la Voix-humaine "harmonique",
elle est devenue "classique". N'aurait-on pu y garder
le Hautbois de Mutin?
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DGW - Octobre 2007 d'après "Les Grandes Orgues
de Saint-Denis en France" Par Pierre HARDOUIN - Connaissance de l'Orgue,
numéro spécial 1979-1980
Pour la restauration moderne, d'après le programme du concert d'inauguration
du 9 octobre 1987.
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